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ANNÉE 1776.

étrangers et les provinciaux ; mais elles tombent bientôt dans l’éternel oubli qu’elles méritent. Je ne suis point du tout de l’avis de votre vicaire général, quelque respect que j’aie pour son esprit et pour sa science. On ne veut point du tout détruire ce que vous savez[1] ; ce qui est fondé sur beaucoup d’argent et sur beaucoup d’honneurs est fondé sur le roc. On prétend seulement adoucir l’esprit de ceux qui jouissent de ces honneurs et de cet argent. On a commencé ce grand ouvrage, et on espère qu’il s’achèvera de lui-même.

Je vous embrasse tendrement, mon cher philosophe.

9761. — A M. DE VAINES[2].

Ferney. 13 mai.

Nous voici donc, monsieur, dans le temps où les édits deviennent des monuments de bienfaisance et de raison qui iront à la postérité. Celui des vins surtout vaut mieux que toutes les chansons à boire que la nation chantait autrefois, et qu’elle ne chante plus.

Nous avons possédé quelques jours M. de Trudaine, lui sixième ; il a été reçu comme un des bienfaiteurs de notre province ; c’est le plus affable et le meilleur des hommes.

Je me flatte qu’aujourd’hui M. de La Harpe est de l’Académie. Il faut bien qu’à la fin justice soit faite. Pourquoi faut-iî que je sois hors d’état de faire le voyage ? j’aurais la consolation de lui donner ma voix ; j’aurais surtout celle de vous dérober quelqu’un de vos moments, de vous parler de M, Turgot, et de vous ouvrir mon cœur, qui est plein de lui et de vous.

Le vieux Malade.

9762. — A MADAME LA COMTESSE DE VIDAMPIERRE.

15 mai.

Madame, j’ai peur d’avoir perdu votre adresse, mais je ne perdrai jamais le souvenir des bontés dont vous m’honorez, et des nobles sentiments que j’ai admirés dans votre lettre.

  1. L’Église catholique.
  2. Ce billet, que MM. de Cayrol et François ont daté du 23 mai, doit être du 13. (G. A.)