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SALOMON.

Est-ce tout, mon cher père ? N’avez-vous plus personne à expédier ?

DAVID.

J’ai la mémoire mauvaise : attendez, il y a encore un certain Semeï[1] qui m’a dit autrefois des sottises ; nous nous raccommodâmes ; je lui jurai[2], par le Dieu vivant, que je lui pardonnerais ; il m’a très-bien servi, il est de mon conseil privé ; vous êtes sage, ne manquez pas de le faire tuer en traître.

SALOMON.

Votre volonté sera exécutée, mon cher père.

DAVID.

Va, tu seras le plus sage des rois, et le Seigneur te donnera mille femmes pour récompense : je me meurs ! Que je t’embrasse encore ! Adieu.

BETHSABÉE.

Dieu merci, nous en voilà défaits.

UN OFFICIER.

Allons vite enterrer notre bon roi David.

TOUS ENSEMBLE.

Notre bon roi David, le modèle des princes, l’homme selon le cœur du Seigneur[3] !

ABISAG.

Que deviendrai-je, moi ? Qui réchaufferai-je ?

SALOMON.

Viens çà, viens çà, tu seras plus contente de moi que de mon bonhomme de père.


fin de Saül.

  1. Id, ibid.
  2. Dans les manuscrits dont j’ai parlé (voyez la note de la page 575), on lit :
    … Je lui jurai par le Seigneur que je ne le ferais pas mourir. Il m’a, etc. (B.)
  3. The man after God’s own heart. « L’homme selon le cœur de Dieu. »