Vous autres prêtres, vous faites toujours bonne chère ; si je prends la guerre, vous n’y allez pas : je choisis la peste ; j’espère que tu l’auras, que tu crèveras comme tu le mérites.
Dieu soit béni[1] !
Je ne comprends rien à tout cela : comment ! la peste, pour avoir fait son compte ?
Scène III.
Eh ! milord ! il faut que vous ayez le diable dans le corps pour choisir la peste ; il est mort sur-le-champ [2] soixante-dix mille personnes, et je crois que j'ai déjà le charbon : je tremble pour moi et pour mon fils Salomon, que je vous amène.
J’ai pis que le charbon[3] je suis las de tout ceci : il faut donc que j’aie plus de pestiférés que de sujets : écoutez, je deviens vieux, vous n’êtes plus belle ; j’ai toujours froid aux pieds, il me faudrait une fille de quinze ans pour me réchauffer.
Parbleu, milord, j’en connais une qui sera votre fait ; elle s’appelle Abisag de Sunam.
Qu’on me l’amène, qu’on me l’amène, qu’elle m’échauffe.
En vérité, vous êtes un vilain débauché : fi ! à votre âge, que voulez-vous faire d’une petite fille ?
Milord, la voilà qui vient ; je vous la présente.
Viens çà, petite fille, me réchaufferas-tu bien ?