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DAVID.

Ne craignez rien ; Urie est dépêché ; mon ami Joab est expéditif.

BETHSABÉE.

Quoi ! mon pauvre mari est donc assassiné ? hi, hi, hi (Elle pleure.), ho, hi, ha.

DAVID.

Quoi ! vous pleurez le bonhomme ?

BETHSABÉE.

Je ne peux m'en empêcher.

DAVID.

La sotte chose que les femmes ! Elles souhaitent la mort de leurs maris, elles la demandent ; et, quand elles l’ont obtenue, elles se mettent à pleurer.

BETHSABÉE.

Pardonnez cette petite cérémonie.


Scène IV.

DAVID, BETHSABÉE, JOAB.
DAVID.

Eh bien ! Joab, en quel état sont les choses ? Qu’est devenu ce coquin d’Absalon ?

JOAB.

Par Sabaoth, je l’ai envoyé avec Urie ; je l’ai trouvé qui pendait à un arbre par les cheveux, et je l’ai bravement percé de trois dards.

DAVID.

Ah ! Absalon mon fils ! hi, hi, ho, ho, hi.

BETHSABÉE.

Voilà-t-il pas que vous pleurez votre fils comme j’ai pleuré mon mari ! Chacun a sa faiblesse.

DAVID.

On ne peut pas dompter tout à fait la nature, quelque juif qu’on soit ; mais cela passe, et le train des affaires emporte bien vite ailleurs.