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SAÜL.

La pythonisse les fait sortir de la terre, et l'on voit à leur mine si l’on sera heureux ou malheureux,

BAZA.

Il a perdu l’esprit ! Seigneur, au nom de Dieu, ne vous amusez point à toutes ces sottises, et allons mettre vos troupes en bataille.

SAÜL.

Reste ici ; il faut absolument que nous voyions une ombre : voilà la pythonisse qui arrive : garde-toi de me faire reconnaître ; elle me prend pour un capitaine de mon armée.


Scène VIII.

SAUL, BAZA, LA PYTHONISSE, arrivant avec un balai entre les jambes.
LA PVTHONISSE.

Quel mortel veut arracher les secrets du destin à l’abîme qui les couvre ? Qui de vous deux s’adresse à moi pour connaître l’avenir ?

BAZA, montrant Saül.

C’est mon capitaine : ne devrais-tu pas le savoir, puisque tu es sorcière[1] ?

LA PYTHONISSE, à Saül.

C’est donc pour vous que je forcerai la nature à interrompre le cours de ses lois éternelles ? Combien me donnerez-vous ?

SAÜL.

Un écu : et te voilà payée d’avance, vieille sorcière,

LA PYTHONISSE.

Vous en aurez pour votre argent. Les magiciens de Pharaon n’étaient auprès de moi que des ignorants : ils se bornaient à changer en sang les eaux du Nil ; je vais en faire davantage, et premièrement je commande au soleil de paraître.

BAZA.

En plein midi ! quel miracle !

LA PYTHONISSE.

Je vois quelque chose sur la terre[2].

SAÜL.

N’est-ce pas une ombre ?

  1. Old witch.
  2. Rois, I, chap. xxviii, verset 13.