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ACTE V, SCÈNE V[. 509

Ce jour, ce monde adreux que je dois détester, Que j’apprenne du moins à ma triste patrie Les honneurs qu’on devait à ta vertu trahie ; Que, dans Thorrible excès de ma confusion, J’apprenne à l’univei-s à respecter ton nom î

AMENAI DE.

Eh ! que fait l’univers à ma douleur profonde ? Que me fait ma patrie et le reste du monde ? ïancrède meurt.

ARGIUE.

Je cède aux coups qui m’ont frappé.

AMÉXAÏDE,

Tancrède meurt, ô ciel ! sans être détrompé ! Vous en êtes la cause… Ah ! devant qu’il expire… Que vois-je ? mes tyrans !

SCÈNE VJ.

LORÉDAN, CHEVALIERS, suite, AMÉNAÏDE, ARGIRE, FAME, ALDAMON ; TANCRÈDE,

dans le fond, porté par des soldats. LORÉDAX.

malheureux Argire ! fille infortunée ! on conduit devant vous Ce brave chevalier percé de nobles coups. Il a trop écouté son aveugle furie ; Il a voulu mourir, mais il meurt en héros. De ce sang précieux, versé pour la patrie. Nos secours empressés ont suspendu les flots. Cette âme, qu’enflammait un courage intrépide, Semble encor s’arrêter pour voir Aménaïde ; Il la nomme ; les pleurs coulent de tous les yeux ; Et d’un juste remords je ne puis me défendre.

(Pendant qu’il parle, on approche lentement Tancrède vers Aménaïde presque évanouie entre les bras de ses femmes ; elle se débarrasse précipitamment des femmes qui la soutiennent, et, se retournant avec horreur vers Lorédan dit :)

AMÉNAÏDE.

Barbares, laissez là vos remords odieux.

(Puis courant à Tancrède, et se jetant à ses pieds :)

Tancrède, cher amant, trop cruel et trop tendre,