ACTE III, SCÈNE VU. 539
TANCRÈDE.
Viens ; et vous, chevaliers, j’espère qiraiijourcrhui L’État sera sauvé par d’autres que par lui.
SCÈNE VII.
ARGIRE, sur le devant ; A M EN À IDE, au fond, à qui Ton a ôté
les fers.
A M E \ A 1 D E, revenant à elle.
Ciel ! que deviendra-t-il ? Si Ton sait sa naissance, Il est perdu.
ARGIRE.
Ma fille…
AMEXAIDE, appuyée sur Fanie, et se retournant yers son père.
Ail ! que me voulez-vous ? Vous m’avez condamnée.
ARGIRE.
destins en courroux ! Voulez-vous, ô mon Dieu qui prenez sa défense, Ou pardonner sa faute, ou venger l’innocence ? Quels bienfaits à mes yeux daignez-vous accorder ? Est-ce justice ou grâce ? Ah ! je tremble et j’espère. Qu’as-tu fait ? et comment dois-je te regarder ? Avec quels yeux, hélas !
AMÉN’AÏDE.
Avec les yeux d’un père. Votre fille est encore au bord de son tombeau. Je ne sais si le ciel me sera favorable : Rien n’est changé, je suis encor sous le couteau ^ Tremblez moins pour ma gloire, elle est inaltérable ; Mais si vous êtes père, ôtez-moi de ces lieux ; Dérobez votre fille, accablée, expirante, À tout cet appareil, à la foule insultante Qui sur mon infortune arrête ici ses veux,
1. Tout ce passage fut tronqué aux premières représentations par les acteurs… Voltaire demanda à genouv qu’on laissât ce troisième acte tel qu’il était… Je suis encor sous le couteau est une expression noble et terrible : si on ne la trouve pas ailleurs, tant mieux ; elle a le mérite de la nouveauté, de la vérité, et de l’intérêt. (G. A.) /