ACTE II, SCÈNE VU. 523
mort ! affreuse mort ! puis-je vous soutenir ? Tourments, trépas honteux… tout mon courage cède… Non, il n’est point de honte en mourant pour Tancrède. On peut m’ôter le jour, et non pas me punir. Quoi ! je meurs en coupahle !.., un père, une patrie ! Je les servais tous deux, et tous deux m’ont flétrie ! Et je n’aurai pour moi, dans ces moments d’horreur, Que mon seul témoignage, et la voix de mon cœur !
(À Fanie, qui entre.)
Quels moments pour Tancrède ! ma chère Fanie !
(Fanie lui baise la main en pleurant, et Aménaïde l’embrasse.)
La douceur de te voir ne m’est donc point ravie !
FAME.
Que ne puis-je avant vous expirer en ces lieux !
AMÉ\AÏDE.
Ah !… je vois s’avancer ces monstres odieux…
(Les gardes qui étaient dans le fond s’avancent pour l’emmener.)
Porte un jour au héros à qui j’étais unie
Mes derniers sentiments et mes derniers adieux,
Fanie… il apprendra si je mourus fidèle.
Je coûterai du moins dos larmes à ses yeux ;
Je ne meurs que pour lui… ma mort est moins cruelle ^
1. M"’" Clairon tronquait cette scène, et substituait un jeu muet à la défluviation. (G. A.)
FIN DU DEUXIÈME ACTE.