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TANCRiiDE

OP.BASSAN.

Oui, JG le veux.

CATANE,

Sortons. Parlez-lui, mais songez Que les lois, les autels, l’honneur, sont outragés : Syracuse à regret exige une victime.

ORBASSAN.

Je le sais comme vous ; un même soin m’anime. Éloignez-vous, soldats.

SCÈNE VI. AMÉNAÏDE, ORBASSAN.

AMÉNAÏDE.

Qu’osez-vous attenter ? À mes derniers moments venez-vous insulter ?

ORBASSAN.

Ma fierté jusque-là ne peut être avilie.

Je vous donnais ma main, je vous avais choisie ; Peut-être l’amour même avait dicté ce choix. Je ne sais si mon cœur s’en souviendrait encore, Ou s’il est indigné d’avoir connu ses lois ; Mais il ne peut soufTrir ce qui le déshonore. Je ne veux point penser qu’Orhassan soit trahi Pour un chef étranger, pour un chef ennemi, Pour un de ces tyrans que notre culte ahhorre : Ce crime est trop indigne ; il est trop inouï : Et, pour vous, pour l’État, et surtout pour ma gloire. Je veux fermer les yeux, et prétends ne rien croire. Syracuse aujourd’hui voit en moi votre époux : Ce titre me suffit ; je me respecte en vous ; Ma gloire est offensée, et je prends sa défense. Les lois des chevaliers ordonnent ces combats ; Le jugement de Dieu* dépend de notre bras ; C’est le glaive qui juge et qui fait l’innocence. Je suis prêt.

AMÉNAÏDE.

Vous ?

1. On sait assez qu’on appelait ces combats le jugement de Dieu.

{Note de Voltaire.)