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ACTE II, SCiiNE V. 521

De ce crime nouveau Syracuse infectée Veut de notre justice un exemple éternel.

LORÉDAN.

Je l’avoue en tremblant ; sa mort est légitime :

Plus sa race est illustre, et plus grand est le crime.

On sait de Solamir l’espoir ambitieux,

On connaît ses desseins, son amour téméraire.

Ce malheureux talent de tromper et de plaire.

D’imposer aux esprits, et d’éblouir les yeux.

C’est à lui que s’adresse un écrit si funeste,

« Régnez dans nos États » : ces mots trop odieux

Nous révèlent assez un complot manifeste.

Pour l’honneur d’Orbassan je supprime le reste ;

Il nous ferait rougir. Quel est le chevalier.

Qui daignera jamais, suivant l’antique usage.

Pour ce coupable objet signaler son courage.

Et hasarder sa gloire à le justifier ?

CATANE.

Orbassan, comme vous nous sentons votre injure ; Nous allons l’effacer au milieu des combats. Le crime rompt l’hymen : oubliez la parjure. Son supplice vous venge, et ne vous flétrit pas.

ORBASSAN.

Il me consterne, au moins… et, coupable ou fidèle, Sa main me fut promise… On approche… C’est elle Qu’au séjour des forfaits conduisent des soldats… Cette honte m’indigne autant qu’elle m’offense : Laissez-moi lui parler.

SCÈNE V.

LES CHEVALIERS, sur le devant ; AMÉN AÏDE, au fon 1,

entourée de gardes.

AMÉN AÏDE, dans le fond.

céleste puissance ! Ne m’abandonnez point dans ces moments affreux. Grand Dieu ! vous connaissez l’objet de tous mes vœux Vous connaissez mon cœur ; est-il donc si coupable ?

CATANE.

Vous voulez voir encor cet objet condamnable ?