Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome5.djvu/530

Cette page n’a pas encore été corrigée

520 TANCRÈDE.

LORÉDAN.

Nous plaignons tons, seigneur, un père respectable Nous sentons sa blessure, et craignons de l’aigrir : Mais vous-même avez vu cette lettre coupable ; L’esclave la portait au camp de Solamir ; Auprès de ce camp même on a surpris le traître. Et l’insolent Arabe a pu le voir punir. Ses odieux desseins n’ont que trop su paraître, L’État était perdu. Nos dangers, nos serments. Ne soutirent point de nous de vains ménagements : Les lois n’écoutent point la pitié paternelle ; L’État parle, il suffit,

ARGIRE.

Seigneur, je vous entends, Je sais ce qu’on prépare à cette criminelle. Mais elle était ma fille., et voilà son époux, .. Je cède à ma douleur., . Je m’abandonne à vous., . Il ne me reste plus qu’à mourir avant elle.

(Il sort.)

SCÈNE IV.

LES CHEVALIERS.

CATANE,

Déjà de la saisir l’ordre est donné par nous. Sans doute il est affreux de voir tant de noblesse, Les grâces, les attraits, la plus tendre jeunesse, L’espoir de deux maisons, le destin le plus beau. Par le dernier supplice enfermés au tombeau. Mais telle est parmi nous la loi de l’hyménée ; C’est la religion lâchement profanée, C’est la patrie enfin que nous devons venger. L’infidèle en nos murs ap])elle l’étranger ! La Grèce et la Sicile ont vu des citoyennes, Renonçant à leur gloire, au titre de chrétiennes. Abandonner nos lois pour ces fiers musulmans. Vainqueurs de tous côtés, et partout nos tyrans : Mais que d’un chevalier la fille respectée,

(À Orbassan.)

Sur le point d’être à vous, et marchant à l’autel, Exécute un complot si lâche et si cruel !