Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome5.djvu/515

Cette page n’a pas encore été corrigée

ACTE I, SCÈNE I. COa

Vengeresse des lois et de la liberté. Pour détruire l’Espagne il a suffi d’un traître ’ : Il en fut parmi nous ; chaque jour en Yoit naître. Mettons un frein terrible à l’infidélité ; Au salut de l’État que toute pitié cède ; Combattons Solamir, et proscrivons Tancrède. ïancrède, né d’un sang parmi nous détesté, Est plus à craindre encor pour notre liberté. Dans le dernier conseil un décret juste et sage Dans les mains d’Orbassan remit son héritage, Pour confondre à jamais nos ennemis cachés, À ce nom de Tancrède en secret attachés ; Du vaillant Orbassan c’est le juste partage. Sa dot, sa récompense-.

CATANE.

Oui, nous y souscrivons. Que Tancrède, s’il veut, soit puissant à Byzance ; Qu’une cour odieuse honore sa vaillance ; Il n’a rien à prétendre aux lieux où nous vivons. Tancrède, en se donnant un maître despotique, A renoncé lui-même à nos sacrés remparts : Plus de retour pour lui ; l’esclave des Césars Ne doit rien posséder dans une république. Orbassan de nos lois est le plus ferme appui, Et l’État, qu’il soutient, ne pouvait moins pour lui ; Tel est mon sentiment.

ARGIRE.

Je vois en lui mon gendre ; Ma fille m’est bien chère, il est vrai ; mais enfin. Je n’aurais point pour eux dépouillé l’orphelin : Vous savez qu’à regret on m’y vit condescendre.

LORÉDAN.

Blâmez-vous le sénat ?

ARGIRE.

Non ; je hais la rigueur.

1. Le comte Julien, ou rai-chevêque Opas. {Note de Voltaire.)

2. <(Je suppose que mes juges trouveront bon, écrit Voltaire à M"’" d’Argontal, que les biens de Tancrède soient une dot que l’État donne à Orbassan pour son mariage ; ils verront sans doute que cette circonstance le rend plus odieux à Tancrède et à sa maîtresse… Il ne faut pas, à la vérité, qu’Orbassan reproche au beau-père de s’y opposer ; mais il n’est peut-être pas mal qu’un autre chevalier fasse ce reproche au beau-père. »