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J'ose à vos pieds attester vos aïeux...
Hélas ! Sur moi ne jetez point les yeux.
Vous avez pris pitié de mon jeune âge ;
Formé par vous, ce coeur est votre ouvrage ;
Il en serait indigne désormais
S'il acceptait le plus grand des bienfaits.
Oui, je vous dois des refus. Oui, mon âme
Doit s'immoler.

LE COMTE

Non, vous serez ma femme.
Quoi ! Tout à l'heure ici vous m'assuriez,
Vous l'avez dit, que vous refuseriez
Tout autre époux, fût-ce un prince.

NANINE

Oui, sans doute ;
Et ce n'est pas ce refus qui me coûte.

LE COMTE

Mais me haïssez-vous ?

NANINE

Aurais-je fui,
Craindrais-je tant, si vous étiez haï ?


LE COMTE

Ah ! Ce mot seul a fait ma destinée.

NANINE

Eh ! Que prétendez-vous ?

LE COMTE

Notre hyménée.

NANINE

Songez...

LE COMTE

Je songe à tout.

NANINE

Mais prévoyez...

LE COMTE

Tout est prévu...

NANINE

Si vous m'aimez, croyez...

LE COMTE

Je crois former le bonheur de ma vie.

NANINE

Vous oubliez...