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LINDANE.

Mon père, c’est… Ô ciel ! ayez pitié de nous.

FABRICE.

Monsieur, c’est milord Murray, le plus galant homme de la cour, le plus généreux.

MONROSE.

Murray grand Dieu ! mon fatal ennemi, qui vient encore insulter à tant de malheurs ! (Il tire son épée.) Il aura le reste de ma vie, ou moi la sienne.

LINDANE.

Que faites-vous, mon père ? arrêtez.

MONROSE.

Cruelle fille ! c’est ainsi que vous me trahissez ?

FABRICE, se jetant au-devant de Monrose.

Monsieur, point de violence dans ma maison, je vous en conjure : vous me perdriez.

FREEPORT.

Pourquoi empêcher les gens de se battre quand ils en ont envie ? Les volontés sont libres, laissez-les faire.

LORD MURRAY, toujours au fond du théâtre, à Monrose.

Vous êtes le père de cette respectable personne, n’est-il pas vrai ?

LINDANE.

Je me meurs.

MONROSE.

Oui, puisque tu le sais, je ne le désavoue pas. Viens, fils cruel d’un père cruel, achève de te baigner dans mon sang.

FABRICE.

Monsieur, encore une fois…

LORD MURRAY.

Ne l’arrêtez pas, j’ai de quoi le désarmer. (Il tire son épée.)

LINDANE, entre les bras de Polly.

Cruel ! vous oseriez !…

LORD MURRAY.

Oui j’ose… Père de la vertueuse Lindane, je suis le fils de votre ennemi. (Il jette son épée.) C’est ainsi que je me bats contre vous.

FREEPORT.

En voici bien d’une autre !

LORD MURRAY.

Percez mon cœur d’une main ; mais de l’autre prenez cet écrit ; lisez, et connaissez-moi. (Il lui donne le rouleau.)