vôtre. Ah ! cruelle, pourquoi m’avez-vous caché votre nom illustre, et l’état malheureux où vous êtes, si peu fait pour ce grand nom ?
Qui vous l’a dit ?
Elle-même, votre confidente.
Quoi ! tu m’as trahie ?
Vous vous trahissiez vous-même ; je vous ai servie.
Eh bien ! vous me connaissez : vous savez quelle haine a toujours divisé nos deux maisons ; votre père a fait condamner le mien à la mort ; il m’a réduite à cet état que j’ai voulu vous cacher. Et vous, son fils ! vous ! vous osez m’aimer !
Je vous adore, et je le dois. Mon cœur, ma fortune, mon sang est à vous ; confondons ensemble deux noms ennemis : j’apporte à vos pieds le contrat de notre mariage ; daignez l’honorer de ce nom qui m’est si cher. Puissent les remords et l’amour du fils réparer les fautes du père !
Hélas ! et il faut que je parte, et que je vous quitte pour jamais.
Que vous partiez ! que vous me quittiez ! Vous me verrez plutôt expirer à vos pieds. Hélas ! daignez-vous m’aimer ?
Vous ne partirez point, mademoiselle ; j’y mettrai bon ordre : vous prenez toujours des résolutions désespérées. Milord, secondez-moi bien.
Eh ! qui a pu vous inspirer le dessein de me fuir, de rendre tous mes soins inutiles ?
Mon père.
Votre père ? Eh ! où est-il ? que veut-il ? que ne me parlez-vous ?
Il est ici : il m’emmène ; c’en est fait.
Non, je jure par vous qu’il ne vous enlèvera pas. Il est ici ? conduisez-moi à ses pieds.