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vais tout réparer ! que son sort changera ! Hélas ! pourquoi me l’a-t-elle caché ?

POLLY.

Je crois que c’est la seule fois de sa vie qu’elle vous trompera.

LORD MURRAY.

Entrons, entrons vite ; jetons-nous à ses pieds : c’est trop tarder.

POLLY.

Ah, milord ! gardez-vous-en bien ; elle est actuellement avec un gentilhomme, si vieux, si vieux, qui est de son pays, et ils se disent des choses si intéressantes !

LORD MURRAY.

Quel est-il ce vieux gentilhomme, pour qui je m’intéresse déjà comme elle ?

POLLY.

Je l’ignore.

LORD MURRAY.

Ô destinée ! juste ciel ! pourrais-tu faire que cet homme fût ce que je désire qu’il soit ? Et que se disaient-ils, Polly ?

POLLY.

Milord, ils commençaient à s’attendrir ; et comme ils s’attendrissaient, ce bonhomme n’a pas voulu que je fusse présente, et je suis sortie.



Scène IV.


lady ALTON, lord MURRAY, POLLY.

LADY ALTON.

Ah ! je vous y prends enfin, perfide ! Me voilà sûre de votre inconstance, de mon opprobre, et de votre intrigue.

LORD MURRAY.

Oui, madame, vous êtes sûre de tout. (À part.) Quel contre-temps effroyable !

LADY ALTON.

Monstre ! perfide !

LORD MURRAY.

Je puis être un monstre à vos yeux, et je n’en suis pas fâché ; mais pour perfide, je suis très-loin de l’être : ce n’est pas mon caractère. Avant d’en aimer une autre, je vous ai déclaré que je ne vous aimais plus.