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LADY ALTON, seule.

Elle dépendra de moi. Je suis fâchée qu’elle me réduise à cette extrémité. Mais enfin, elle m’y a forcée. Infidèle amant ! passion funeste.



Scène III.


FREEPORT, MONROSE, paraissent dans le café avec la femme de fabrice ; la servante, les garçons du café, qui mettent tout en ordre ; FABRICE, lady ALTON.
LADY ALTON, à Fabrice.

Monsieur Fabrice, vous me voyez ici souvent : c’est votre faute.

FABRICE.

Au contraire, madame, nous souhaiterions…

LADY ALTON.

J’en suis fâchée plus que vous ; mais vous m’y reverrez encore vous dis-je.

(Elle sort.)
FABRICE.

Tant pis. À qui en a-t-elle donc ? Quelle différence d’elle à cette Lindane, si belle et si patiente !

FREEPORT.

Oui. À propos, vous me faites songer ; elle est, comme vous dites, belle et honnête.

FABRICE.

Je suis fâché que ce brave gentilhomme ne l’ait pas vue ; il en aurait été touché.

MONROSE.

Ah ! j’ai d’autres affaires en tête… (À part.) Malheureux que je suis !

FREEPORT.

Je passe mon temps à la Bourse ou à la Jamaïque : cependant la vue d’une jeune personne ne laisse pas de réjouir les yeux d’un galant homme. Vous me faites songer, vous dis-je, à cette petite créature : beau maintien, conduite sage, belle tête, démarche noble. Il faut que je la voie un de ces jours encore une fois… C’est dommage qu’elle soit si fière.

MONROSE, à Freeport.

Notre hôte m’a confié que vous en aviez agi avec elle d’une manière admirable.