Scène V.
Ah ! Dieu soit béni ! vous voilà de retour, monsieur Freeport ; comment vous trouvez-vous de votre voyage à la Jamaïque ?
Fort bien, monsieur Fabrice. J’ai gagné beaucoup, mais je m’ennuie. (Au garçon du café.) Hé, du chocolat, les papiers publics ; on a plus de peine à s’amuser qu’à s’enrichir.
Voulez-vous les feuilles de Frélon ?
Non : que m’importe ce fatras ? Je me soucie bien qu’une araignée dans le coin d’un mur marche sur sa toile pour sucer le sang des mouches ! Donnez les gazettes ordinaires. Qu’y a-t-il de nouveau dans l’État ?
Rien pour le présent.
Tant mieux ; moins de nouvelles, moins de sottises. Comment vont vos affaires, mon ami ? Avez-vous beaucoup de monde chez vous ? Qui logez-vous à présent ?
Il est venu ce matin un vieux gentilhomme qui ne veut voir personne.
Il a raison : les hommes ne sont pas bons à grand’chose : fripons ou sots, voilà pour les trois quarts ; et pour l’autre quart, il se tient chez soi.
Cet homme n’a pas même la curiosité de voir une femme charmante que nous avons dans la maison.
- ↑ C’est une vraie création que ce Freeport. Lessing nous apprend que les Anglais furent très-flattés de cette figure. Colmann, leur principal auteur dramatique en ce temps-là, fit, d’après l’Écossaise, une comédie dont Freeport fut le principal personnage, et qui eut pour titre le Marchand anglais. (G. A.)