Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome5.djvu/44

Cette page n’a pas encore été corrigée
LE COMTE

Je veux, mon cher Marin,
Je veux avoir, au plus tard pour demain,
Six chevaux neufs, un nouvel équipage,
Femme de chambre adroite, bonne, et sage ;
Valet de chambre avec deux grands laquais,
Point libertins, qui soient jeunes, bien faits ;
Des diamants, des boucles des plus belles,
Des bijoux d'or, des étoffes nouvelles.
Pars dans l'instant, cours en poste à Paris ;
Crève tous les chevaux.

MARIN

Vous voilà pris.
J'entends, j'entends ; madame la baronne
Est la maîtresse aujourd'hui qu'on nous donne ;
Vous l'épousez ?

LE COMTE

Quel que soit mon projet,
Vole et reviens.

MARIN

Vous serez satisfait.


Scène II

.

LE CONTE, GERMON
LE COMTE

Quoi ! J'aurai donc cette douceur extrême
De rendre heureux, d'honorer ce que j'aime !
Notre baronne avec fureur criera ;
Très volontiers, et tant qu'elle voudra.
Les vains discours, le monde, la baronne,
Rien ne m'émeut, et je ne crains personne ;
Aux préjugés c'est trop être soumis :
Il faut les vaincre, ils sont nos ennemis ;
Et ceux qui font les esprits raisonnables,
Plus vertueux, sont les seuls respectables.
Eh ! Mais... quel bruit entends-je dans ma cour ?
C'est un carrosse. Oui... mais... au point du jour
Qui peut venir ? ... c'est ma mère, peut-être.
Germon...