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MONROSE.

Cela suffit : bonjour. Que la vie m’est odieuse !

(Il sort.)
FABRICE.

Cet homme-là me paraît accablé de chagrins et d’idées. Je ne serais point surpris qu’il allât se tuer là-haut ; ce serait dommage, il a l’air d’un honnête homme.

(Les survenants sortent pour dîner. Frélon est toujours à la table où il écrit. Ensuite Fabrice frappe à la porte de l’appartement de Lindane.)


Scène IV.

FABRICE, POLLY, FRÉLON.
FABRICE.

Mademoiselle Polly ! mademoiselle Polly !

POLLY.

Eh bien ! qu’y a-t-il, notre cher hôte ?

FABRICE.

Seriez-vous assez complaisante pour venir dîner en compagnie ?

POLLY.

Hélas ! je n’ose ; car ma maîtresse ne mange point : comment voulez-vous que je mange ? nous sommes si tristes !

FABRICE.

Cela vous égayera.

POLLY.

Je ne puis être gaie : quand ma maîtresse souffre, il faut que je souffre avec elle.

FABRICE.

Je vous enverrai donc secrètement ce qu’il vous faudra.

(Il sort.)
FRÉLON, se levant de sa table

Je vous suis, monsieur Fabrice. Ma chère Polly, vous ne voulez donc jamais m’introduire chez votre maîtresse. Vous rebutez toutes mes prières.

POLLY.

C’est bien à vous d’oser faire l’amoureux d’une personne de sa sorte !