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Mais il ne faut pas laisser ce soin à la postérité ; il faut avoir le courage de dire à son siècle ce que nos contemporains font de noble et d’utile. Les justes éloges sont un parfum qu’on réserve pour embaumer les morts. Un homme fait du bien, on étouffe ce bien pendant qu’il respire ; et si on en parle, on l’exténue, on le défigure : n’est-il plus ? on exagère son mérite pour abaisser ceux qui vivent.

Je veux du moins que ceux qui pourront lire ce petit ouvrage sachent qu’il y a dans Paris plus d’un homme estimable et malheureux secouru par vous ; je veux qu’on sache que tandis que vous occupez votre loisir à faire revivre, par les soins les plus coûteux et les plus pénibles, un art utile[1] perdu dans l’Asie, qui l’inventa, vous faites renaître un secret plus ignoré, celui de soulager par vos bienfaits cachés la vertu indigente[2].

Je n’ignore pas qu’à Paris il y a, dans ce qu’on appelle le monde, des gens qui croient pouvoir donner des ridicules aux belles actions qu’ils sont incapables de faire ; et c’est ce qui redouble mon respect pour vous.

P. S. Je ne mets point mon inutile nom au bas de cette épître, parce que je ne l’ai jamais mis à aucun de mes ouvrages ; et quand on le voit à la tête d’un livre ou dans une affiche, qu’on s’en prenne uniquement à l’afficheur ou au libraire.




    servitude, de la glèbe, et celle de la torture. Tous ces changements se sont faits à la vérité lentement, à demi, et comme si l’on eût voulu prouver en les faisant qu’on suivait, non sa propre raison, mais qu’on cédait à l’impulsion irrésistible que M. de Voltaire avait donnée aux esprits.
    La tolérance qu’il avait tant prêchée s’est établie, peu de temps après sa mort, en Suède et dans les États héréditaires de la maison d’Autriche ; et, quoi qu’on en dise, nous la verrons bientôt s’établir en France. (K.) — Il en coûta 30,000 francs au comte de Lauraguais pour la suppression des banquettes qui encombraient la scène, et dont Voltaire s’est plaint souvent. La suppression date du 23 avril 1759. (B.)

  1. Il s’agit des recherches sur la porcelaine de Chine ; voyez Mercure, juillet 1764, tome II, page 143. (B.)
  2. M. le comte de Lauraguais avait fait une pension au célèbre du Marsais, qui, sans lui, eût traîné sa vieillesse dans la misère. Le gouvernement ne lui donnait aucun secours, parce qu’il était soupçonné d’être janséniste, et même d’avoir écrit en faveur du gouvernement contre les prétentions de la cour de Rome. (K.) — L’Exposition de la doctrine de l’Église gallicane, commencée par du Marsais, et terminée par le duc de La Feuillade, ne parut qu’après la mort de du Marsais. 1757, in-12. (B.)