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AVERTISSEMENT

POUR LA PRÉSENTE ÉDITION.



Au milieu des combats tragiques qu’il livre à Crébillon, Voltaire lance contre Fréron le brûlot de l’Écossaise.

Le critique de l’Année littéraire était, de tous les adversaires de Voltaire celui qui avait peut-être le don de l’irriter davantage. Quand il s’en prenait à lui, Voltaire n’était jamais de sang-froid. Au mois de mars 1750 à la suite d’articles de Fréron et de l’abbé de La Porte, il écrivait à M. Berrier lieutenant de police, pour lui demander d’imposer silence à ses ennemis. Il s’adressait à M. de Mairan, qui était fort influent auprès du chancelier d’Aguesseau, pour obtenir la suppression des Lettres sur quelques écrits de ce temps (c’était le titre de la publication périodique que dirigeait alors Fréron) et de l’Almanach des gens de lettres où écrivait l’abbé de La Porte.

Lorsqu’il s’agit de choisir, vers la même époque, un nouveau correspondant du roi de Prusse et qu’il est un moment question de Fréron, Voltaire ne se contient pas. Les lettres qu’il écrit à Frédéric pour le détourner de ce choix ont un accent de fureur. Voilà déjà dix ans que cette exaspération s’est fait jour ; et l’Année littéraire, fondée en 1754, a multiplié et aggravé les torts du rédacteur des Lettres sur quelques écrits de ce temps. Aussi Voltaire, pour se venger, ne songe pas à moins qu’à une sorte d’exécution publique, à une exécution en plein théâtre.

Il était justifié dans une certaine mesure par un précédent tout récent. Un ministre avait autorisé, ordonné même, la représentation des Philosophes de Palissot, joués le 2 mai de cette année. Voltaire n’était pas personnellement attaqué dans cette pièce, et l’auteur avait eu soin de faire une très-formelle exception en sa faveur. Il avait même envoyé son œuvre à Voltaire avec une lettre d’hommage. Mais Voltaire ne se laissa pas séduire. Il prit la défense de ses collaborateurs de l’Encyclopédie, et fit à Palissot de vifs reproches de sa satire.

Il était, disons-nous, justifié par cet ouvrage où le théâtre semblait revenir aux licences aristophanesques ; mais justifié un peu par hasard, car le Café, ou l’Écossaise était imprimé au moment où les Philosophes furent représentés. La nouvelle comédie de Voltaire, où il faisait figurer son adversaire Fréron sous les traits cruellement noircis du libelliste Frélon, était