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intenté contre lui quelques accusations ; il faut que vous m’aidiez tous à les renouveler ; nous le mettrons en danger de sa vie ; alors je lui offrirai ma protection, à condition qu’il me cède Aglaé, et qu’il vous rende votre beau Sophronime ; par là nous remplirons tous nos devoirs : il sera puni par la crainte que nous lui aurons donnée : j’obtiendrai ma maîtresse, et vous aurez votre amant.

DRIXA.

Vous parlez comme la sagesse elle-même : il faut que quelque divinité vous inspire. Instruisez-nous ; que faut-il faire ?

ANITUS.

Voici bientôt l’heure où les juges passeront pour aller au tribunal : Mélitus est à leur tête.

DRIXA.

Mais ce Mélitus est un petit pédant, un méchant homme, qui est votre ennemi.

ANITUS.

Oui, mais il est encore plus l’ennemi de Socrate : c’est un scélérat hypocrite qui soutient les droits de l’aréopage contre moi ; mais nous nous réunissons toujours quand il s’agit de perdre ces faux sages, capables d’éclairer le peuple sur notre conduite. Écoutez, ma chère Drixa, vous êtes dévote ?

DRIXA.

Oui, assurément, monseigneur : j’aime l’argent et le plaisir de tout mon coeur : mais en fait de dévotion je ne le cède à personne.

ANITUS.

Allez prendre quelque dévot du peuple avec vous ; et quand les juges passeront, criez à l’impiété.

TERPANDRE.

Y a-t-il quelque chose à gagner ? Nous sommes prêts.

ACROS.

Oui ; mais quelle espèce d’impiété ?

ANITUS.

De toutes les espèces. Vous n’avez qu’à l’accuser hardiment de ne point croire aux dieux : c’est le plus court.

DRIXA.

Oh ! Laissez-moi faire.

ANITUS.

Vous serez parfaitement secondés. Allez sous ces portiques ameuter vos amis. Je vais cependant instruire quelques gazetiers de controverse, quelques folliculaires qui viennent souvent dîner chez moi. Ce sont des gens bien méprisables, je l’avoue ; mais ils