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PRÉFACE^

DE M. FATEMA », TRADUCTEUR.

On a dit dans un livre, et répété dans un autre, qu’il est impossible qu’un homme simplement vertueux, sans intrigue, sans passions, puisse plaire sur la scène. C’est une injure faite au genre humain : elle doit être repoussée, et ne peut l’être plus fortement que par la pièce de feu M. Thomson ’. Le célèbre Addison avait balancé longtemps entre ce sujet et celui de Caton. Addison pensait que Caton était l’homme vertueux qu’on cherchait, mais que Socrate était encore au-dessus. Il disait que la vertu de Socrate avait été moins dure, plus humaine, plus résignée à la volonté de Dieu, que celle de Caton. Ce sage Grec, disait-il, ne crut pas, comme le Romain, qu’il fût permis d’attenter sur soi-même, et d’abandonner le poste où Dieu nous a placés. Enfin Addison regardait Caton comme la victime de la liberté, et Socrate comme le martyr de la sagesse. Mais le chevalier Richard Steele lui persuada

i. Socrate n’est autre chose qu’une allégorie satirique et transparente, où les conventions du genre ne sont pas même toujours gardées ; et M. de Laharpe a fait remarquer que l’auteur, qui a toujours Paris devant les yeux, oublie de temps en temps que sa pièce représente Athènes, l’aréopage, et les prêtres de Ccrès. (K.)

Le Socrate, composé en juin 1759, fut imprimé la même année. La date de 1755, mise à la Préface, est une preuve de plus que Voltaire a quelquefois antidaté ses ouvrages. Quelques passages de Socrate ont été ajoutés en 17Gi. J’ai indiqué quelles étaient ces additions. Une Lettre au sujet de Socrate, pièce dramatique, supposée traduite de l’anglais, a été imprimée dans le Journal encyclopédique du 1"^ février 1700. (B.)

2. On ne connaît point d’auteur hollandais du nom de Fatema. Mais il a existé un Sibrand Feitama, né à Amsterdam en 1G94, mort en 1758, qui a traduit en vers hollandais le Brutus de Voltaire et sa Henriade. Jean, neveu de Sibrand, avait traduit Mérope. (B.)

3. Voltaire avait écrit Tompson ; mais le chantre des Saisons, auteur de Sopho- }ïisbe, etc., s’appelait Thomson. Il était mort en 1718. (B.)