Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome5.djvu/364

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

idamé, en tirant son poignard.

Tiens, sois libre avec moi ; frappe, et délivre-nous.

zamti

Ciel !

idamé

Ciel !Déchire ce sein, ce cœur qu’on déshonore.
J’ai tremblé que ma main, mal affermie encore,
Ne portât sur moi-même un coup mal assuré.
Enfonce dans ce cœur un bras moins égaré ;
Immole avec courage une épouse fidèle ;
Tout couvert de mon sang, tombe et meurs auprès d’elle ;
Qu’à mes derniers moments j’embrasse mon époux ;
Que le tyran le voie, et qu’il en soit jaloux.

zamti

Grâce au ciel, jusqu’au bout ta vertu persévère ;
Voilà de ton amour la marque la plus chère.
Digne épouse, reçois mes éternels adieux ;
Donne ce glaive, donne, et détourne les yeux.

idamé, en lui donnant le poignard.

Tiens, commence par moi ; tu le dois : tu balances !

zamti

Je ne puis.

idamé

Je ne puis.Je le veux.

zamti

Je ne puis. Je le veux.Je frémis.

idamé

Je ne puis. Je le veux. Je frémis.Tu m’offenses.
Frappe, et tourne sur toi tes bras ensanglantés.

zamti

Eh bien ! Imite-moi.

idamé, lui saisissant le bras.

Eh bien ! Imite-moi.Frappe, dis-je…


Scène VI.

GENGIS, OCTAR, IDAMÉ, ZAMTI, gardes.
gengis, accompagné de ses gardes, et désarmant Zamti.

Eh bien ! Imite-moi. Frappe, dis-je…Arrêtez,
Arrêtez, malheureux ! Ô ciel ! Qu’alliez-vous faire ?