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Je ne menace plus, je tombe à tes genoux.
Ô père infortuné ! Cher et cruel époux !
Pour qui j’ai méprisé, tu t’en souviens peut-être,
Ce mortel qu’aujourd’hui le sort a fait ton maître ;
Accorde-moi mon fils, accorde-moi ce sang
Que le plus r amour a formé dans mon flanc,
Et ne résiste point au cri terrible et tendre
Qu’à tes sens désolés l’amour a fait entendre.

zamti

Ah ! C’est trop abuser du charme et du pouvoir
Dont la nature et vous combattez mon devoir.
Trop faible épouse, hélas ! Si vous pouviez connaître…

idamé

Je suis faible, oui, pardonne ; une mère doit l’être.
Je n’aurai point de toi ce reproche à souffrir
Quand il faudra te suivre, et qu’il faudra mourir.
Cher époux, si tu peux au vainqueur sanguinaire,
À la place du fils, sacrifier la mère,
Je suis prête : Idamé ne se plaindra de rien ;
Et mon cœur est encore aussi grand que le tien.

zamti

Oui, j’en crois ta vertu.


Scène IV.

ZAMTI, IDAMÉ, OCTAR, gardes.
octar

Oui, j’en crois ta vertu.Quoi ! Vous osez reprendre
Ce dépôt que ma voix vous ordonna de rendre ?
Soldats, suivez leurs pas, et me répondez d’eux :
Saisissez cet enfant qu’ils cachent à mes yeux ;
Allez : votre empereur en ces lieux va paraître ;
Apportez la victime aux pieds de votre maître.
Soldats, veillez sur eux.

zamti

Soldats, veillez sur eux.Je suis prêt d’obéir :
Vous aurez cet enfant.

idamé

Vous aurez cet enfant.Je ne le puis souffrir :
Non, vous ne l’obtiendrez, cruels, qu’avec ma vie.