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LA BARONNE

Ah ! Quels horribles coups !

BLAISE

J'ai des écus ; Pierre Blaise mon père
M'a bien laissé trois bons journaux de terre[1] :
Tout est pour elle, écus comptants, journaux,
Tout mon avoir, et tout ce que je vaux ;
Mon corps, mon coeur, tout moi-même, tout Blaise.

LA BARONNE

Autant que toi crois que j'en serais aise ;
Mon pauvre enfant, si je puis te servir,
Tous deux ce soir je voudrais vous unir :
Je lui paierai sa dot.

BLAISE

Digne baronne,
Que j'aimerai votre chère personne !
Que de plaisir ! Est-il possible !

LA BARONNE

Hélas !
Je crains, ami, de ne réussir pas.

BLAISE

Ah ! Par pitié, réussissez, Madame.

LA BARONNE

Va, plût au ciel qu'elle devînt ta femme !
Attends mon ordre.

BLAISE

Eh ! Puis-je attendre ?

LA BARONNE

Va.

BLAISE

Adieu. J'aurai, ma foi, cet enfant-là.


Scène IV

.

LA BARONNE

Vit-on jamais une telle aventure !
Peut-on sentir une plus vive injure ;
Plus lâchement se voir sacrifier !

  1. Mesure de terre qu’on peut labourer en un jour. (G. A.)