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VARIANTES UE ROME SAUVÉE. 27(i

Ecraser s’il pouvait l’idole des Romains ; Mais il balance encor.

CATILK\A.

Je pense le connaître, Il se déclarera dès qu’il me verra maître ; Mais César, Aurélie, occupent mon esprit, L’une d’un trouble affreux, et l’autre de dépit.

C V. T H É u s. Je conçois que César t’inquiète et te gêne ; Je n’ai jamais compté sur cîtto âme bautaine : Mais peux-tu redouter une femme et des pleurs ? Laisse-lui les remords, laisse-lui les terreurs ; Tu l’aimes, mais on maître, et ton amour docile Est de tes grands desseins un instrument utile.

CATILINA.

Ce n’est pas le remords qui s’empare de moi, La pitié pour l’État, bien moins encor l’effroi ; Mais ces liens secrets, une épouse adorée, La naissance d’un fils, une mère éplorée. Un cœur qui m’idolâtre, et qui dans ce grand jour Peut payer de son sang ce malheureux amour, Te dirai-je encor plus, l’involontaire bommage Que sa vertu trompée arracbe : \ mon courage, Et ce respect secret qu’il me faut déguiser Jusqu’à forcer mon âme à la tyranniser : Voilà ce qui me trouble, et ce cruel orage Ne pourra s’apaiser qu’au milieu du carnage.

CET H ECU s.

Peut-elle nous trabir ?

CATILIX A.

Non, je connais son cœur. Mais de tous nos desseins perçant la profondeur. Son œil s’en effarouche, et son âme effrayée Gémit dans les borreurs dont elle est dévorée. Ciel ! se peut-il qu’un cœur que mes mains ont formé, Des préjugés romains soit encor animé ? O Rome ! ô nom puissant ! liberié trop cberie ! Quoi ! dans ma maison même on parle de patrie ?

c É T H É G L’s.

No songeons qu’à César ; nos femmes, nos enfants, N’ont pas droit d’occuper ces précieux instants. A ta longue amitié, si César infidèle Refuse la grandeur qui par ta voix l’appelle, Dans le rang des proscrits faut-il placer son nom ? Faut-il confondre enfin César et Cicéron ?

CATILINA.

Sans doute, il le faudra, si par mon artifice Je ne puis réussir à m’en faire un complice ; En un mot, si mes soins ne peuvent lo flécbir. Si César est à craindre, il faut s’en affranchir. Mais déjà Lentulus vers nous se précipite. Et je lis dans ses yeux la fureur qui l’agit’ ?.