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ACTE cinquième



Scène 1

Caton, et une partie des sénateurs,debout, en habits de guerre


CLODIUS, à Caton

Quoi ! lorsque défendant cette enceinte sacrée,
A peine aux factieux nous en fermons l’entrée,
Quand partout le sénat s’exposant au danger,
Aux ordres d’un Samnite a daigné se ranger ;
Cet altier plébéien nous outrage et nous brave !
Il sert un peuple libre, et le traite en esclave !
Un pouvoir passager est à peine en ses mains,
Il ose en abuser, et contre des Romains !
Contre ceux dont le sang a coulé dans la guerre !
Les cachots sont remplis des vainqueurs de la terre ;
Et cet homme inconnu, ce fils heureux du sort
Condamne insolemment ses maîtres à la mort ![1]

  1. A cette époque, aucun citoyen romain ne pouvait être condamné à mort qu’en violant les lois. Cicéron, avant de faire de l'autorité illimitée qu’il avait reçue un usage contraire à une loi respectée dans Rome et chère au peuple, consulta le sénat. Ce fut dans cette occasion que César et Caton prononcèrentdeux discours : Caton pour prouver la nécessité de faire mourir les conjurés; César, pour proposer de les renfermer seulement dans quelques villes d'Italie. Ces discours nous ont été transmis par Salluste. On ignore, à la vérité, si ce sont réellement ceux que César et Caton ont prononcés dans le sénat, ou des discours de l'invention de Salluste, suivant l’usage des anciens historiens.



    Il est à remarquer que César, souverain pontife, dit en plein sénat, dans ce discours, « qu’il ne faut pas punir de mort les conjurés, parce que la mort leur ôtera le sentiment de toutes les peines, et celui de leur opprobre; qu’elle serait une grâce plutôt qu’un supplice »; il nie hautement les peines après la mort. Soit que César ait fait ce discours, soit que Salluste, auteur contemporain, l'ait attribué au souverain pontife, il en résulte également que les idées religieuses des anciens Romains étaient hien différentes des nôtres. Un auteur qui ne serait pas absolument fou (ce qu’on ne peut supposer de Salluste) n’introduirait pas dans un livre