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CATON

Que dites-vous ?

CICERON, debout

J’avais d’un pas rapide
Guidé des chevaliers la cohorte intrépide,
Assuré des secours aux postes menacés,
Armé les citoyens avec ordre placés.
J’interrogeais chez moi ceux qu’en ce trouble extrême,
Aux yeux de Cethégus j’avais surpris moi-même.
Nonnius, mon ami, ce vieillard généreux,
Cet homme incorruptible, en ces temps malheureux,
Pour sauver Rome et vous, arrive de Preneste.
Il venait m’éclairer dans ce trouble funeste,
M’apprendre jusqu’aux noms de tous les conjurés,
Lorsque de notre sang deux monstres altérés,
A coups précipités frappent ce cœur fidèle,
Et font périr en lui tout le fruit de mon zèle.
Il tombe mort ; on court, on vole, on les poursuit ;
Le tumulte, l’horreur, les ombres de la nuit,
Le peuple, qui se presse, et qui se précipite,
Leurs complices enfin favorisent leur fuite.
J’ai saisi l’un des deux qui, le fer à la main,
Egaré, furieux, se frayait un chemin :
Je l’ai mis dans les fers, et j’ai su que ce traître
Avait Catilina pour complice et pour maître.

(Cicéron s’assied avec le sénat.)



Scène 4

Les mêmes, Catilina


(Catilina, debout entre Caton et César. Céthégus est auprès de César, le sénat assis.)

CATILINA

Oui, sénat, j’ai tout fait, et vous voyez la main
Qui de votre ennemi vient de percer le sein.
Oui, c’est Catilina qui venge la patrie,
C’est moi qui d’un perfide ai terminé la vie.

CICERON

Toi, fourbe ? toi, barbare ?