ACTE quatrième
Le théâtre doit représenter le lieu préparé pour le sénat. Cette salle laisse voir une partie de la galerie qui conduit du palais d’Aurélie au temple de Tellus. Un double rang de sièges forme un cercle dans cette salle ; le siège de Cicéron, plus élevé, est au milieu.
Scène 1
Tous ces pères de Rome, au sénat appelés,
Incertains de leur sort, et de soupçons troublés,
Ces monarques tremblants tardent bien à paraître.
L’oracle des Romains, ou qui du moins croit l’être,
Dans d’impuissants travaux sans relâche occupé,
Interroge Septime ; et, par ses soins trompé,
Il a retardé tout par ses fausses alarmes.
Plût au ciel que déjà nous eussions pris les armes !
Je crains, je l’avouerai, cet esprit du sénat,
Ces préjugés sacrés de l’amour de l’état,
Cet antique respect, et cette idolâtrie,
Que réveille en tout temps le nom de la patrie.
La patrie est un nom sans force et sans effet ;
On le prononce encor, mais il n’a plus d’objet.
Le fanatisme usé des siècles héroïques
Se conserve, il est vrai, dans des âmes stoïques ;
Le reste est sans vigueur, ou fait des vœux pour nous.
Cicéron, respecté, n’a fait que des jaloux ;
Caton est sans crédit ; César nous favorise :
Défendons-nous ici, Rome sera soumise.