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CATILINA

Vous, au mont Aventin que tout soit mis en cendre.
Dès que de Mallius vous verrez les drapeaux,
De ce signal terrible allumez les flambeaux.
Aux maisons des proscrits que la mort soit portée.
La première victime à mes yeux présentée,
Vous l’avez tous juré, doit être Cicéron :
Immolez César même, oui, César et Caton ;
Eux morts, le sénat tombe, et nous sert en silence.
Déjà notre fortune aveugle sa prudence ;
Dans ces murs, sous son temple, à ses yeux, sous ses pas,
Nous disposons en paix l’appareil du trépas.
Surtout avant le temps ne prenez point les armes.
Que la mort des tyrans précède les alarmes ;
Que Rome et Cicéron tombent du même fer ;
Que la foudre en grondant les frappe avec l’éclair.
Vous avez dans vos mains le destin de la terre ;
Ce n’est point conspirer, c’est déclarer la guerre,
C’est reprendre vos droits, et c’est vous ressaisir
De l’univers dompté qu’on osait vous ravir.
(à Céthégus et à Lentulus-Sura)
Vous, de ces grands desseins les auteurs magnanimes,
Venez dans le sénat, venez voir vos victimes.
De ce consul encor nous entendrons la voix ;
Croyez qu’il va parler pour la dernière fois.
Et vous, dignes Romains, jurez par cette épée,
Qui du sang des tyrans sera bientôt trempée.
Jurez tous de périr ou de vaincre avec moi.

MARTIAN

Oui, nous le jurons tous par ce fer et par toi !

UN AUTRE CONJURÉ

Périsse le sénat !

MARTIAN

Périsse l’infidèle
Qui pourra différer de venger ta querelle !
Si quelqu’un se repent, qu’il tombe sous nos coups !

CATILINA

Allez, et cette nuit Rome entière est à vous.