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La peine était pour vous, le fruit pour vos tyrans.
Vos mains n’ont subjugué Tigrane et Mithridate,
Votre sang n’a rougi les ondes de l’Euphrate,
Que pour enorgueillir d’indignes sénateurs,
De leurs propres appuis lâches persécuteurs,
Grands par vos travaux seuls, et qui, pour récompense,
Vous permettaient de loin d’adorer leur puissance.
Le jour de la vengeance est arrivé pour vous.
Je ne propose point à votre fier courroux
Des travaux sans périls et des meurtres sans gloire :
Vous pourriez dédaigner une telle victoire ;
A vos cœurs généreux je promets des combats :
Je vois vos ennemis expirants sous vos bras :
Entrez dans leurs palais ; frappez, mettez en cendre
Tout ce qui prétendra l’honneur de se défendre ;
Mais surtout qu’un concert unanime et parfait
De nos vastes desseins assure en tout l’effet.
A l’heure où je vous parle on doit saisir Préneste ;
Des soldats de Sylla le redoutable reste,
Par des chemins divers et des sentiers obscurs,
Du fond de la Toscane avance vers ces murs.
Ils arrivent ; je sors, et je marche à leur tête.
Au-dehors, au-dedans, Rome est votre conquête.
Je combats Pétréius, et je m’ouvre en ces lieux,
Au pied du Capitole, un chemin glorieux.
C’est là que, par les droits que vous donne la guerre,
Nous montons en triomphe au trône de la terre,
A ce trône souillé par d’indignes Romains,
Mais lavé dans leur sang, et vengé par vos mains.
Curius et les siens doivent m’ouvrir les portes.
(Il s’arrête un moment, puis il s’adresse à un conjuré)
Vous, des gladiateurs aurons-nous les cohortes ?
Leur joignez-vous surtout ces braves vétérans,
Qu’un odieux repos fatigua trop longtemps ?

LENTULUS

Je dois les amener, sitôt que la nuit sombre
Cachera sous son voile et leur marche et leur nombre ;
Je les armerai tous dans ce lieu retiré.

CATILINA

Vous, du mont Célius êtes-vous assuré ?

STATILIUS.

Les gardes sont séduits ; on peut tout entreprendre.