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Si c’est en citoyen, comme vous je crois l’être,
Et si c’est en consul, ce consul n’est pas maître ;
Il préside au sénat, et je peux l’y braver.

CICERON.

J’y punis les forfaits ; tremble de m’y trouver.
Malgré toute ta haine, à mes yeux méprisable,
Je t’y protégerai, si tu n’es point coupable :
Fuis Rome, si tu l’es[1].

CATILINA.

C’en est trop ; arrêtez.
C’est trop souffrir le zèle où vous vous emportez.
De vos vagues soupçons j’ai dédaigné l’injure ;
Mais après tant d’affronts que mon orgueil endure,
Je veux que vous sachiez que le plus grand de tous
N’est pas d’être accusé, mais protégé par vous.



Scène 6

Cicéron seul


CICERON.

Le traître pense-t-il, à force d’insolence,
Par sa fausse grandeur prouver son innocence ?
Tu ne peux m’imposer, perfide ; ne crois pas
éviter l’œil vengeur attaché sur tes pas.



Scène 7

Cicéron, Caton


CICERON.

Eh bien ! ferme Caton, Rome est-elle en défense ?

CATON.

Vos ordres sont suivis. Ma prompte vigilance
A disposé déjà ces braves chevaliers
Qui sous vos étendards marcheront les premiers.
Mais je crains tout du peuple, et du sénat lui-même.

  1. « Ne me faites point de procès sur ce que Cicéron dit (ici) à Catilina. écrit
    Voltaire à d‘Argental. C‘est précisément ce que Cicéron a dit de son vivant; ce
    sont des mots consacrés, et assurément ils sont bien raisonnables. »