Par son ordre bientôt le sénat se rassemble :
Il vous mande en secret.
Aurelie, Catilina, je tremble
A cet ordre subit, à ce funeste nom.
Mon épouse trembler au nom de Cicéron !
Que Nonnius séduit le craigne et le révère ;
Qu’il déshonore ainsi son rang, son caractère ;
Qu’il serve, il en est digne, et je plains son erreur :
Mais de vos sentiments j’attends plus de grandeur.
Allez, souvenez-vous que vos nobles ancêtres
Choisissaient autrement leurs consuls et leurs maîtres.
Quoi ! vous femme et Romaine, et du sang d’un Néron,
Vous seriez sans orgueil et sans ambition ?
Il en faut aux grands coeurs.
Tu crois le mien timide ;
La seule cruauté te paraît intrépide.
Tu m’oses reprocher d’avoir tremblé pour toi.
Le consul va paraître ; adieu, mais connais-moi :
Apprends que cette épouse à tes lois trop soumise,
Que tu devais aimer, que ta fierté méprise,
Qui ne peut te changer, qui ne peut t’attendrir,
Plus Romaine que toi, peut t’apprendre à mourir.
Que de chagrins divers il faut que je dévore !
Cicéron que je vois est moins à craindre encore.
Scène 5
Suivez mon ordre, allez ; de ce perfide coeur
Je prétends, sans témoin, sonder la profondeur.
- ↑ En 1732, c’était La Noue qui faisait Ciceron: « Je vous avoue. écrivait de Berlin Voltaire à d'Argental, que ce singe me fait trembler. Quoi! ni voix, ni visage, ni âme, et jouer Ciceron! Cela seul serait capable d'augmenter mes maux ; mais je ne veux pas mourir des coups de La Noue. »