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Les savants ne trouveront pas ici une histoire fidèle de la conjuration de Catilina ; ils sont assez persuadés qu’une tragédie n’est pas une histoire ; mais ils y verront une peinture vraie des mœurs de ce temps-là. Tout ce que Cicéron, Catilina, Caton, César, ont fait dans cette pièce, n’est pas vrai ; mais leur génie et leur caractère y sont peints fidèlement.

Si on n’a pu y développer l’éloquence de Cicéron, on a du moins étalé toute sa vertu et tout le courage qu’il fit paraître dans le péril. On a montré dans Catilina ces contrastes de férocité et de séduction qui formaient son caractère ; on a fait voir César naissant, factieux et magnanime, César fait pour être à la fois la gloire et le fléau de Rome.

On n’a point fait paraître les députés des Allobroges, qui n’étaient point des ambassadeurs de nos Gaules, mais des agents d’une petite province d’Italie soumise aux Romains, qui ne firent que le personnage de délateurs, et qui par là sont indignes de figurer sur la scène avec Cicéron, César et Caton.

Si cet ouvrage paraît au moins passablement écrit, et s’il fait connaître un peu l’ancienne Rome, c’est tout ce qu’on a prétendu, et tout le prix qu’on attend.