460 VARIANTES D’ORESTE.
Par un pressentiment trop tendre et trop funeste, Que le ciel en ses bras remet son cher Oreste. Son cœur trop plein de vous ne peut se contenir.
ORESTE.
Quelle contrainte, ù dieux ! puis-je la soutenir ?
PYLADE.
Vous balancez ! songez aux menaces terribles
Que vous faisaient ces dieux dont les secours sensibles
’ Vous ont rendu la vie au milieu du trépas.
’Contre leurs volontés si vous faites un pas,
’ Ce moment vous dévoue à leur haine fatale.
’ Tremblez, malheureux fils d’Atrée et de Tantale,
- Tremblez de voir sur vous, dans ces lieux détestes,
- Tomber tous ces fléaux du sang dont vous sortez.
ORESTE.
Quel est donc, cher ami, le destin qui nous guide ?
Quel pouvoir invincible à tous nos pas préside ?
Moi, sacrilège ! moi, si j’écoute un instant
La voix du sang qui parle à ce cœur gémissant !
G justice éternelle, abîme impénétrable,
Ne distinguez-vous point le faible et le coupable.
Le mortel qui s’égare ou qui brave vos lois.
Qui trahit la nature, ou qui cède à sa voix ?
N’Hiipoi-te : est-ce à l’esclave à condamner son maître ’ ?
Le ciel ne nous doit rien quand il nous donne l’être.
J’obéis, je me tais. Nous avons apporté
Cette urne, cet anneau, ce fer ensanglanté :
Il suffit ; offrons-les loin d’Electre affligée.
Allons, je la verrai quand je l’aurai vengée.
(A Pammène.) Va préparer les cœurs au grand événement Que je dois consommer, et que la Grèce attend. Trompe surtout Égistho et ma coupable mère :
- Qu’ils goûtent de ma mort la douceur passagère ;
’ Si pourtant une mère a pu porter jamais ’ Sur la cendre d’un fils des regards satisfaits. Va, nous les attendrons tous deux à leur passage.
SCÈNE II.
ELECTRE, IPHISE, d’un côté ; ORESTE, PYLADE, de l’autre, avec l’esclave qui porte l’urne et l’épée.
ELECTRE, à Iphiso.
- L’espérance trompée accable et décourage.
- Un seul mot de Pammène a fait évanouir
- Ces songes imposteurs dont vous osiez jouir.
- Ce jour faible et tremblant qui consolait ma vue
’Laisse une horrible nuit sur mes yeux répandue.
- Ah ! la vie est pour nous un cercle de douleurs.
1. Ce vers se retrouve dans la deuxième scène du troisième acte.