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VARIANTES D OUESTE. \yj

Vient, digne de sa race et de sa destinée,

Venger d’Aganiemnon la cendre profanée !

Je crains que le tyran, par son trouble averti,

Ne détourne un destin déjà trop i)ressenti.

11 n’a fait qu’entrevoir et son juge et son maître,

Et sa rage a déjà semblé lo reconnaître.

Il s’informe, il s’agite, il veut surtout vous voir :

Vous-même vous mêlez la crainte à mon espoir,

De vos ordres secrets exécuteur fidèle,

Je sonde les esprits, j’encourage leur zèle ;

Des sujets gémissants consolant la douleur,

Je leur montre de loin leur maître et leur vainqueur.

La race dos vrais rois tôt ou tard est chérie ;

Le cœur s’ouvre aux grands noms d"Oreste et de patrie.

Tout semble autour de moi sortir d’un long sommeil,

La vengeance assoupie est au jour du réveil.

Et le peu d’habitants de ces tristes retraites

Lève les mains au ciel, et demande où vous êtes.

Mais je frémis de voir Oreste en ce désert,

Sans armes, sans soldats, prêt d’être découvert.

D’un barbare ennemi l’active vigilance

Peut prévenir d’un coup votre juste vengeance ;

Et contre ce tyran, sur le trône affermi,

Vo.s n’amenez, hélas ! qu’Oreste et son ami.

PY LA DK.

C’est assez, et du ciol je reconnais l’ouvrage : 11 nous a tout ravi par ce cruel naufrage ; ]1 veut seul accomplir ses augustes desseins ; Pour ce grand sacrifice il ne veut que nos mains. Tantôt de trente rois il arme la vengeance. Tantôt trompant la terre, et frappant en silence. Il veut, en signalant son pouvoir oublié, IS’armer que la nature et la seule amitié.

R E s T E. Avec un tel secours, Oreste est sans alarmes. Je n’aurai pas besoin de plus puissantes armes ’.

PYLADÉ.

Prends garde, cher Oreste, à ne pas t’égarer Au sentier qu’un dieu même a daigné te montrer ; Prends garde à tes serments, à cet ordre suprême De cacher ton retour à cette sœur qui t’aime ; Ton repos, ton bonheur, ton règne est à ce prix. Commande à tes transports, dissimule, obéis ; Il la faut abuser cncor plus que sa mère.

l’AMMiiNE.

Remerciez les dieux de cet ordre sévère.

À peine j’ai trompé ses transports indiscrets :

Déjà portant partout ses pleurs et ses regrets,

Appelant à grands cris son vengeur et son frère.

Et courant sur vos pas dans ce lieu solitaire,

Elle m’interrogeait et me faisait trembler.

La nature en secret semlilait lui révéler,

1. C’où duux vers ont Oté placés dans hi lu-cmiùre scèuû du dcuiiômo acte.