Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome5.djvu/146

Cette page n’a pas encore été corrigée

13G ORESTE.

Quoi ! de ce meurtre aHVeux ne s’est-il pas vanté ?

Égistlie au meurtrier ne m’a-t-il pas donnée ?

^e suis-je pas enfin la preuve infortunée,

La victime, le prix, de ces noirs attentats,

Dont vous osez douter, quand je meurs dans vos bras,

Quand Oreste au tombeau m’appelle avec son père ?

3Ia sœur, ah ! si jamais Electre vous fut chère.

Ayez du moins pitié de mon dernier moment :

Il faut qu’il soit terrible ; il faut qu’il soit sanglant.

Allez ; informez-vous de ce que fait Pammène,

Et si le meurtrier n’est point avec la reine,

La cruelle a, dit-on, flatté mes ennemis ;

Tranquille, elle a reçu l’assassin de son fils ;

On l’a vu partager (et ce crime est croyable)

De son indigne époux la joie impitoyable.

Une mère ! ah, grands dieux !… ah ! je veux de ma main,

À ses yeux, dans ses bras, immoler l’assassin ;

Je le veux.

IPHISE,

Vos douleurs lui font trop d’injustice ; L’aspect du meurtrier est pour elle un supplice. Ma sœur, au nom des dieux, ne précipitez rien. Je vais avec Pammène avoir un entretien. Electre, ou je m’abuse, ou l’on s’obstine à taire, A cacher à nos yeux un important mystère. Peut-être on craint en vous ces éclats douloureux. Imprudence excusable au cœur des malheureux : On se cache de vous ; Pammène vous évite ; J’ignore comme vous quel projet il médite : Laissez-moi lui parler, laissez-moi vous servir. Ae vous préparez pas un nouveau repentir.

SCÈNE IV.

ELECTRE.

Un repentir ! qui ? moi ! mes mains désespérées Dans ce grand abandon seront plus assurées. Euménides, venez ; soyez ici mes dieux * ;

1. « Ces EumônidesdiTiiantlGiit une voix plus d’humaine, des éclats terribles », dit Voltaire à M"’ Clairon, charg, ée du rôle.