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ACTE I, SCÈNE V. 403

Je la traîne enchaînée, et je ne prétends pas Que, de ses cris plaintifs alarmant mes États, Dans Argos désormais sa dangereuse audace Ose des dieux sur nous rappeler la menace, D’Oreste aux mécontents promettre le retour. On n’en parle que trop ; et, depuis plus d’un jour, Partout le nom d’Oreste a blessé mon oreille ; Et ma juste colère à ce bruit se réveille.

CLYTEMNESTP.E.

(Juel nom prononcez-vous ? Tout mon cœur en frémit.

On prétend qu’en secret un oracle a prédit

Qu’un jour, en ce lieu même où mon destin me guide,

11 porterait sur nous une main parricide.

Pourquoi tenter les dieux ? Pourquoi vous présenter

Aux coups qu’il vous faut craindre, et qu’on peut éviter ?

ÉGISTHE.

Ne craignez rien d’Oreste, il est vrai qu’il respire ;

Mais, loin que dans le piège Oreste nous attire.

Lui-même à ma poursuite il ne peut échapper.

Déjà de toutes parts j’ai su l’envelopper.

Errant et poursuivi de rivage en rivage,

11 promène en tremblant son impuissante rage ;

Aux forêts d’Épidaure il s’est enfin caché.

D’Épidaure en secret le roi m’est attaché.

Plus que vous ne pensez on prend notre défense.

CLYTEMNESTRE.

Mais quoi ! mon fils…

ÉGISTHE.

Je sais quelle est sa violence ; Il est fier, implacable, aigri par son malheur ; Digne du sang d’Atrée, il en a la fureur.

CLYTEMNESTRE.

Vh, seigneur ! elle est juste.

ÉGISTHE.

11 faut la rendre vaine. Yous savez qu’en secret j’ai fait partir Plistène : Il est dans Épidaure.

CLYTEMNESTRE. Y^

A quel dessein ? pourquoi ?

ÉGISTHE,

Pour assurer mon IrAno et cabiier votre efl’roi. Oui, Plistène, mon fils, adoplé par vous-même.

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