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ACTE I, SCÈNE IV. m

Qu’un frère malheureux nous vienne délivrer, J’ignore si le ciel a conservé sa vie ; Jignore si ce maître abominable, impie, Votre époux, puisque ainsi vous l’osez appeler, Ne s’est pas en secret hâté de l’immoler,

IPHISE,

Madame, croyez-nous ; je jure, j’en atteste Les dieux dont nous sortons, et la mère d’Oreste, Que, loin de l’appeler dans ce séjour de mort. Nos yeux, nos tristes yeux sont fermés sur son sort. Ma mère, ayez pitié de vos filles tremblantes, De ce fils malheureux, de ses sœurs gémissantes ; N’affligez plus Electre ; on peut à ses douleurs Pardonner le reproche, et permettre les pleurs.

ELECTRE.

Loin de leur pardonner, on nous défend la plainte ; Quand je parle d’Oreste, on redouble ma crainte. Je connais trop Égisthe et sa férocité ; Et mon frère est perdu, puisqu’il est redouté.

CLYTEMNESTRE.

Votre frère est vivant, reprenez l’espérance ;

Mais s’il est en danger, c’est par votre imprudence.

Modérez vos fureurs, et sachez aujourd’hui.

Plus humble en vos chagrins, respecter’mon ennui.

Vous pensez que je viens, heureuse et triomphante,

Conduire dans la joie une pompe éclatante :

Electre, cette fête est un jour de douleur ;

Vous pleurez dans les fers, et moi, dans ma grandeur.

Je sais quels vœux forma votre haine insensée.

N’implorez plus les dieux ; ils vous ont exaucée.

Laissez-moi respirer.

SCÈNE IV.

CLVTE.MNESTRE.

L’aspect de mes enfants Dans mon cœur éperdu redoiil)lC mes tourments. Hymen ! fatal hymen ! crime longtemps prospère. Nœuds sanglants qu’ont formés le meurtre et l’adultère Pompe jadis trop chère à mes vœux égarés,