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100 ORESTE.

Ne le repoussez pas ; laissez-vous pénétrer À la secrète voix (|ui vous daij ; ne inspirer ; Détachez vos destins des destins (Vun perfide ; Livrez-vous tout entière à ce dieu qui vous guide ; Appelez votre fils ; qii’il revienne en ces lieux Reprendre de vos mains le rang de ses aïeux. Qu’il punisse un tyran, qu’il règne, qu’il vous aime, Qu’il venge Agamemnon, ses filles, et vous-même ; Faites- venir Oreste,

CLYTEMNESTRE.

Electre, levez-vous ; Ne ])arlez point d’Oreste, et craignez mon époux, Jju plaint les fers honteux dont vous êtes chargée ; Mais dïin maître absolu la puissance outragée Ne pouvait épargner qui ne l’épargne pas : Et vous l’avez forcé d’appesantir son hras. Moi-même, qui me vois sa première sujette, Moi, qu’offensa toujours votre plainte indiscrète. Qui tant de fois pour vous ai voulu le fléchir. Je l’irritais encore au lieu de l’adoucir. N’imputez qu’à vous seule un affront qui m’outrage ; Pliez à A’Otre état ce superhe courage ; Apprenez d’une sœur comme il faut s’affliger. Comme on cède au destin quand on veut le changer. Je voudrais dans le sein de ma famille entière Finir un jour en paix ma fatale carrière ; Mais, si vous vous hâtez, si vos soins imprudents Appellent en ces lieux Oreste avant le temps, Si d’Égisthe jamais il affronte la vue. Vous hasardez sa vie, et vous êtes perdue ; Et, malgré la pitié dont mes sens sont atteints, Je dois à mon époux plus qu’au fils que je crains.

ELECTRE,

Lui, votre époux, ô ciel ! lui, ce monstre ? Ah ! ma mère, Est-ce ainsi qu’en effet vous plaignez ma misère ? À quoi vous sert, hélas ! ce remords passager ? Ce sentiment si tendre était-il étranger ? Vous menacez Electre, et votre fils lui-même !

(À Iphiso.)

Ma sœur ! et c’est ainsi qu’une mère nous aime ?

(A C’iytemnestre.)

A’ous menacez Oreste !, , Hélas ! loin d’espérer