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ACTE I, SCÈNE II.

SCÈNE II.

ELECTRE, IPHISE, PA3IMÈNE.

IPHISE.

Hélas ! est-ce vous que je vois, Ma sœur ?…

ELECTRE.

Il est venu ce jour où l’on apprête Les détestables jeux de leur coupable fête. Electre leur esclave, Electre votre sœur, Vous annonce en leur nom leur horrible bonheur.

IPHISE.

Un destin moins afTreux permet que je vous voie ; À ma douleur profonde il mêle un peu de joie ; Et vos pleurs et les miens ensemble confondus…

ELECTRE.

Des pleurs ! ah ! ma faiblesse en a trop répandus.

Des pleurs ! ombre sacrée, ombre chère et sanglante,

Est-ce là le tribut qu’il faut qu’on te présente ?

C’est du sang que je dois, c’est du sang que tu veux :

C’est parmi les apprêts de tes indignes jeux,

Dans ce cruel triomphe où mon tyran m’entraîne.

Que, ranimant ma force, et soulevant ma chaîne.

Mon bras, mon faible bras osera l’égorger

Au tombeau que sa rage ose encore outrager.

Quoi ! j’ai vu Clytemnestre, avec lui conjurée,

Lever sur son époux sa main trop assurée !

Et nous, sur le tyran nous suspendons des coups

Que ma mère à mes yeux porta sur son époux !

douleur ! ô vengeance ! ù vertu qui m’animes,

Pouvez-vous en ces lieux moins que n’ont pu les crimes ?

Nous seules désormais devons nous secourir :

Craignez-vous de frapper ? Craignez -vous de mourir ?

Secondez de vos mains ma main désespérée ;

Fille de Clytemnestre, et rejeton d’Atrée,

Venez.

IPHISE.

Ah ! modérez ces transports impuissants ; Commandez, chère Electre, au trouble de vos sens ;