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94 ORESTE.

Los desseins d’une cour en horreurs si fertile Pénètrent rarement dans mon oljscur asile. Mais on dit qu’en effet Égisthe soupçonneux Doit entraîner Electre à ces funèbres jeux ; Qu’il ne souffrira plus qu’Electre en son absence Appelle par ses cris Argos à la vengeance. II redoute sa plainte ; il craint que tous les cœurs Ne réveillent leur haine au bruit de ses clameurs ; Et, d’un œil vigilant, épiant sa conduite, Il la traite en esclave, et la traîne à sa suite.

IPHISE,

Ma sœur esclave ! ô ciel ! ô sang d’Agamemnon ! Un barbare à ce point outrage encor ton nom ! Et’Clytemnestre, hélas ! cette mère cruelle, A permis cet affront, qui rejaillit sur elle !

PAMMÎi.NE,

Peut-être votre sœur avec moins de fierté Devait de son tyran ])raver l’autorité. Et, n’ayant contre lui que d’impuissantes armes, Mêler moins de reproche et d’orgueil à ses larmes. Qu’a produit sa fierté ? Que servent ses éclats ? Elle irrite un barbare, et ne vous venge pas.

II’IIISE.

On m’a laissé du moins, dans ce funeste asile,

Un destin sans opprobre, un malheur plus tranquille.

Mes mains peuvent d’un père honorer le tombeau.

Loin de ses ennemis, et loin de son bourreau :

Dans ce séjour de sang, dans ce désert si triste.

Je pleure en liberté, je hais en paix Égisthe.

Je ne suis condamnée à l’horreur de le voir

Que lorsque, rappelant le temps du désespoir.

Le soleil à regret ramène la journée

Où le ciel a permis ce barbare hyménée.

Où ce monstre, enivré du sang du roi des rois.

Où Ghtemnestre…