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Je me mets aux pieds de Votre Majesté impériale avec le plus profond respect et l’attachement le plus inviolable.

8967. — À M. DE MAUPEOU[1],
chancelier de france.

Monseigneur, permettez que j’aie l’honneur de vous présenter le mémoire du sieur Bacon, substitut de monsieur le procureur général. Vous y verrez une vexation bien criminelle, exercée par un des plus insolents factieux du parti de l’ancien parlement contre un officier du nouveau, créé par vous-même. Un tel excès, porté jusqu’à compromettre votre nom, est bien surprenant. Le sieur Bacon était venu chez moi, l’année passée, avec l’abbé Mignot, et il est venu seul cette année. Son aventure à Montluçon prouve assez qu’on a voulu outrager en lui le parlement de Paris. Ce n’est pas à moi, monseigneur, de vous représenter l’énormité de cet attentat ; c’est au chef suprême de la magistrature, qui peut le réprimer, à en juger.

Je suis avec un profond respect et un attachement inviolable, monseigneur, etc.

8968. — À M. DE CHABANON.
1er novembre.

L’octogénaire de Ferney est très-affligé de n’avoir pu se ranimer au feu de M. de Chamfort. Il m’a envoyé de Strasbourg la lettre de M. de Chabanon, et je le crois à présent à Paris. Je prie l’intime ami de Pindare et de Chamfort de leur dire que je suis bien leur serviteur à tous deux, mais que je suis sûr que le dernier, qui fait les vers les plus naturels, n’imitera jamais le galimatias du premier.

Je crois qu’il a enfin retrouvé de la santé. Je lui souhaite bien sincèrement les autres ingrédients qui entrent dans la composition du bonheur. Si ce bonheur dépendait des talents, il deviendrait un des plus heureux hommes du monde. Je lui ai écrit[2] par votre ami M. de La Borde, qui sans doute voudra bien lui faire parvenir ma lettre.

Réjouissez-vous, mon cher ami, soit à la ville, soit à la campa-

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. La lettre à Chamfort manque.