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CORRESPONDANCE.

fâme cabale des Véron eût été plus rigoureusement punie ; mais nous avons été encore bien heureux d’obtenir ce que nous avons obtenu. Vous savez qu’il y avait deux partis dans le parlement : car où n’y a-t-il pas deux partis ? Nous avons eu plusieurs voix absolument contre nous ; et ce qui est bien étrange, c’est que l’avocat de M. de Morangiés avait indisposé une partie du parlement contre sa partie. M. de Morangiés lui-même ne sait pas ce que cette affaire m’a coûté de peine. Ma situation est singulière ; je sers les autres, et je ne me sers pas moi-même.

Adieu, mon cher ange ; votre amitié me console. Que Mme d’Argental se porte mieux, et je me porterai moins mal.

8931. — À M. LE BARON DE CONSTANT DE REBECQUE.

Vous combattez vaillamment pour la Vulgate, mon brave colonel ! Je ne lui connaissais point d’aimables défenseurs comme vous. On dit que Fra-Paolo ne voulut pas jeter les yeux sur le livre d’un de ses amis qui démontrait la vérité des dogmes, pour ne pas perdre le mérite de la foi : je vous lis pour rendre hommage à votre mérite, dans une affaire où la défensive est plus difficile que l’attaque.

Votre esprit et vos vertus doivent vous faire estimer par les sages de tous les rites et de toutes les croyances ; mais savez-vous qu’en Sorbonne et devant le saint-office je ne répondrais pas que vous fussiez mieux traité que Socrate par les prêtres de Cérès ?

Cette foi, qui peut transporter les montagnes, ne me paraît pas être la vôtre. Vous n’écrivez point d’injures, vous parlez raison. Hérésie ! hérésie ! si j’étais orthodoxe, comme vous le voulez, je vous dénoncerais pour la plus grande gloire de Dieu.

Venez être notre missionnaire : je me suis confessé entre vos mains il y a longtemps ; je ne hais que l’intolérance et le fanatisme. Nous vous attendons à bras ouverts. Vous connaissez le tendre respect avec lequel je vous suis attaché.

8932. — À M. BACULARD D’ARNAUD[1].
18 septembre 1773.

Il signor Darnaud vien supplicato dal suo antico amico Voltaire di pigliar la fatica di venire alla casa sua, e di consolare colla sua conversazione un povero ammalato.

  1. Amateur d’autographes, année 1868, page 23.