Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome48.djvu/455

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
445
année 1772.

humiliante à un mort sur un mourant qui vous a été attaché pendant plus de cinquante ans.

Vous savez que mon unique ressource, dans la situation où je suis, serait d’adoucir des personnes prévenues contre moi, en leur inspirant quelque indulgence pour mes faibles talents.

Je suis désespéré de vous importuner de mes plaintes. Je n’ai de consolation qu’en vous parlant de mon respect et de mon attachement inviolable.

8915. — À M. KEATE[1].
À Ferney, 27 auguste.

Et in Arcadia ego !


He was dead, and I am a dying ; and what is worse, I am a suffering. But my torments are allayed by your Arcadian musick[2].


Tale tuum carmen nobis, divine poeta,
Quale sopor fessis in gramine ; quale per æstum
Dulcis aquæ saliente sitim restinguere rivo.

(Virg., ecl. V. I, v. 45.)

My stormy life at last sinks to a calm. Come death when it will, I’ll meet it smiling.

Dear sir, enjoy the happiness you deserve[3].

8916. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
27 auguste.

Mon cher ange, les côtes de Malabar et de Coromandel, l’Indus et le Gange, la mauvaise tête et le triste cou du pauvre Lally, le procès pitoyable de M. de Morangiés, l’absurdité de M. Pigeon, mes craintes qu’il n’y ait quelques Pigeons dans le parlement, les embarras multipliés que me donne ma colonie, les cruautés de

  1. George Keate, né vers 1729, mort en 1797, venait de publier le Tombeau de Arcadie, poëme dramatique, d’après le tableau du Poussin.
  2. Traduction : Il était mort, et je suis mourant ; et ce qui est pire, je suis souffrant ; mais mes douleurs sont allégées par votre musique d’Arcadie.
  3. Traduction : Ma vie orageuse à la fin devient calme. Vienne la mort quand elle voudra, je la recevrai en souriant.

    Cher monsieur, jouissez du bonheur que vous méritez.