Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome48.djvu/438

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
728
CORRESPONDANCE.

et que j’ai revendue ; il y donne à souper aux ministres du saint Évangile et aux dames[1].

On fait actuellement à la Haye une seconde édition de l’ouvrage posthume d’Helvétius. Elle est dédiée à l’impératrice de toutes les Russies ; cela est curieux.

Je vous embrasse bien tendrement, mon cher ami.

8898. — À M. LE MARQUIS DE CONDORCET[2].
4 auguste.

Je vous adresse, monsieur, mes remerciements[3] en droiture, comme vous me l’ordonnez.

Je n’avais jamais entendu parler de cette illustre assemblée des oies, qui ne sont pas du Capitole. Je sais seulement que celui qui se moque d’eux n’était qu’un canard enroué, qui croyait avoir la voix plus belle que celle d’Homère et de Sophocle. C’est de lui que nous sont venues les comédies de la Passion et les moralités de la mère Sotte.

Nous avons ici beaucoup de Languedochiens d’auprès de Toulouse ; mais personne ne connaît la fête des ânes et des mulets. Il faut qu’elle soit imitée de celle des chevaux, sur lesquels on jette de l’eau bénite à Rome, à la porte de l’église de Saint-Antoine.

Si Rome fait cet honneur aux chevaux, il est juste que Toulouse, qui n’est qu’une capitale de province, ne fête que des ânes. Il faut avouer que les vaches de M. Legentil[4] sont encore au-dessus des mulets et des chevaux. M. Serafton, qui a servi longtemps dans l’Inde et surtout sur le Gange, est entièrement de l’avis de M. Legentil. Il est étonné de la facilité avec laquelle les brames calculent les éclipses. Vous connaissez sans doute tout ce que dit M. Holwell sur les anciens bracmanes, et sur le livre du Shasta-Sid, qui a cinq mille ans d’antiquité. Si M. Holwell ne nous a pas trompés, c’est sans contredit le plus ancien monument de la terre. On m’a envoyé depuis peu un petit extrait de l’ouvrage de M. Legentil, tiré du Journal des Savants. Cet extrait annonce des choses bien intéressantes. Je pourrais aussi vous

  1. Voyez des vers de Voltaire à cette occasion, dans la lettre 8888.
  2. Œuvres de Condorcet, tome Ier ; Paris, 1847.
  3. Pour l’envoi des Éloges.
  4. Legentil de La Galaisière, savant astronome.