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année 1772.

y changer bien des choses, surtout depuis que le dernier mémoire de Lacroix a paru. Il donne un démenti formel à Linguet. On ne sait plus où l’on en est. Serait-il possible que Linguet fût assez fou et même assez malhonnête homme pour accuser le bailli du Palais d’avoir reçu des pâtés, sans en avoir des preuves démonstratives ? Attendons, je vous en prie. Le courrier part.

8895. — À MADAME LA MARQUISE DU DEFFANT.
30 juillet.

Vous avez sans doute, madame, trouvé fort mauvais que je ne vous aie point écrit[1], et que je ne vous aie point remerciée de m’avoir fait connaître M. de Lisle, qui, par son esprit et son attachement pour vous, méritait bien que je me hâtasse de vous faire son éloge. Ce n’est pas que la foule des princes et des princesses de Savoie et de Lorraine, ou de Lorraine et de Savoie, qui étonnent la Suisse par leur affluence, m’ait pris mon temps ; ce n’est pas que Genève, encore plus étonnée que le reste de la Suisse, m’ait vu à ses bals et à ses fêtes : vous sentez bien que tout ce fracas n’est pas fait pour moi ; mais je n’ai pas eu un instant dont je pusse disposer, et je veux vous dire de quoi il est question.

Les parents de M. de Lally, qui se trouvent dans une situation très-équivoque et très-désagréable, se sont imaginé que je pourrais rendre quelques services à sa mémoire. Ils m’ont envoyé leurs papiers : il m’a fallu étudier ce procès énorme, qui a duré trois ans, et qui a fini enfin d’une manière si funeste.

J’ai trouvé qu’il n’y avait pas plus de preuves contre lui que contre les Calas, et que les assassins du chevalier de La Barre avaient à se reprocher le sang de Lally, tout autant que celui de cet infortuné jeune homme.

Mais, sachant très-bien que le public ne se soucierait point du tout aujourd’hui du procès de Lally, que tout s’oublie, qu’on ne s’intéresse ni à Louis XIV ni à Henri IV, et qu’il faut toujours piquer la curiosité de nos Welches par quelque chose de nouveau, j’ai fait un petit précis des révolutions de l’Inde, à la fin duquel la catastrophe de Lally s’est trouvée naturellement[2].

  1. La dernière lettre est du 29 mars (No 8794).
  2. Fragments historiques sur l’Inde et sur le général Lally, voyez tome XXIX, page 85.