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CORRESPONDANCE.

sais comment m’y prendre. M. d’Ogny ne veut se charger d’aucun paquet où il y ait des livres. C’est à vous à me donner vos instructions et vos ordres.

Mme Denis vous est attachée comme moi je ne peux vous rien dire de plus fort. Agréez les respects et les remerciements du vieux malade.

8859. — À M. MARIN[1].
31 mai.

Le généreux M. Marin est prié d’envoyer ce petit billet à M. de Tolendal.

Il y a bientôt quatre-vingts ans que je suis au monde, et je n’ai jamais vu que des injustices. Je crois que Mathusalem aurait pu en dire autant.

8860. — À M. VASSELIER.
Mai.

Vous êtes donc mon confrère en fait de goutte, mon cher ami ? Pour moi, je n’ai la goutte que comme un accessoire à tous mes maux. On sait bien qu’il faut mourir ; mais, en conscience, il ne faudrait pas aller à la mort par de si vilains chemins. Je désire bien vivement de guérir pour venir vous voir ; mais je commence à en désespérer.

Je ne suis point du tout étonné de l’évêque[2] dont vous me parlez. Les comédiens sont toujours jaloux les uns des autres[3]. Nous allons avoir une troupe en Savoie, à la porte de Genève, qui fera sans doute crever de dépit celle que nous avons déjà à l’autre porte en France. Chacun joue la comédie de son côté : je ne la joue pas, mon cher correspondant, en vous disant combien je vous aime.

Mille grâces de la belle branche de palmier. Quid retribuam Domino[4]?

P. S. Il y a, dans le Bugey, un brave officier qui aime la lecture, qui est philosophe, et qui m’a demandé des livres[5]. Je crois ne pouvoir mieux remplir mon devoir de missionnaire qu’en

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Montazet, archevêque de Lyon.
  3. Voltaire avait déjà dit en d’autres termes : Le monologue fut en tout temps jaloux du dialogue ; voyez tome XXIV, page 215.
  4. Psaume cxv, verset 12.
  5. C’était Vasselier lui-même.